Une pratique simple et modeste
                
                
                    La pratique régulière permet rapidement à l’Aïkibudoka de se rendre compte que son art nécessite un
                    travail d’études et de recherches pour sans cesse trouver l’expression correcte dans les quatre
                    aspects fondamentaux de la technique. Grâce au travail des ses professeurs, le pratiquant réalise
                    que rien n’est jamais acquis et que tout est à travailler continuellement. Cette remise en cause
                    perpétuelle des acquis est une excellente école de modestie et de simplicité.
                Pour illustrer ces propos, on peut faire une analogie entre l’étude de l’Aïkibudo (ou de tout autre
                    art martial) avec l’apprentissage d’une langue écrite et parlée. Il s’agit d’apprendre et
                    d’assimiler un alphabet, un vocabulaire, une grammaire, une ponctuation, une prononciation. Le
                    pratiquant agit donc au départ par imitation en répétant les lettres, les mots et les phrases toutes
                    faites du professeur. Il apprend une grande variété de questions – réponses types, de textes
                    complets et autonomes. Néanmoins, le but de l’étude est de fournir un ensemble d’outils pour
                    dialoguer et apporter une réponse adéquate à une question dont on ne connaît pas encore l’énoncé.
                    Ceci devra se faire dans une langue donnée, toute déviation pouvant conduire à une autre langue ou à
                    un dialecte impropre et incompréhensible. C’est l’expression de la forme libre qui caractérise l’art
                    martial moderne et ceci peut s’exprimer pleinement dans le travail de type randori où le pratiquant
                    doit s’adapter rapidement à une succession d’attaques imprévues et soutenues. En reprenant
                    l’analogie avec l’apprentissage d’une langue, on ne sait réellement parler cette langue que
                    lorsqu’on est capable de dialoguer avec autrui au cours d’un échange libre. De même, l’Aïkibudo se
                    construit par des relations dynamiques entre pratiquants dont le but dépasse l’aspect alimentaire de
                    self-défense et permet l’épanouissement de chacun. Par opposition, l’art martial ancien est souvent
                    figé sous forme de schémas statiques appelés katas. Néanmoins, ces katas renferment souvent
                    l’essence et la richesse de l’art martial et c’est à chacun de les faire revivre comme un acteur
                    ferait revivre un texte. L’essentiel est présent mais peut passer inaperçu ; il est invisible à
                    l’œil et ne peut se ressentir qu’après un travail long et difficile. Il n’y a donc pas opposition
                    entre art martial ancien et art moderne évolutif mais complémentarité, et c’est dans cette dualité
                    que se construit le pratiquant.
                
             
            
                
                    La simplicité et la modestie se reflètent aussi dans le respect de la tradition et du savoir des
                    anciens qui est un des piliers de la pratique martiale. Par cette éthique, le plus jeune remercie et
                    honore l’ancien pour lui avoir permis de devenir ce qu’il est. A un stade donné de son évolution, le
                    pratiquant transmettra à son tour ses connaissances et permettra à d’autres personnes de s’exprimer
                    et de s’épanouir à travers l’Aïkibudo. Si on enseigne à quelqu’un, c’est qu’il y a désir de le faire
                    grandir et progresser, ce qui sous-tend une morale et un objectif commun. L’enseignement de
                    l’Aïkibudo est alors complet car il comporte une éducation physique et une éducation aux valeurs
                    morales et éthiques nécessaires à la vie en communauté.